Les confitures

Publié le par fraginfo

Les confitures

 

 

         Je me souviens de l'odeur des confitures que concoctait ma mère quand j'étais jeune, en particulier dans notre maison de campagne. Ce souvenir s'accompagne du savoir-faire illimité de ma mère. Dès que j'entrais dans la cuisine, je n'arrivais plus à en sortir. D'abord elle coupait les fruits et les dénoyautait, c'était le plus souvent des fruits à noyaux,mais ceux qui me reviennent le plus en mémoire ce sont les quetsches.

D'abord le parfum âcre de la prune excitait mes papilles. Elle les versait dans un grand fait-tout en cuivre et ajoutait du sucre, qui comparativement n'exhalait aucun parfum. Puis elle allumait le feu sous les fruits qui se mélangeaient au sucre, doucement, très doucement pour ne pas transformer la mixture en caramel.

         Le parfum des fruits en train de confire entrait dans mes narines et excitait ma gourmandise; alors, avec une cuiller en bois, j'allais plonger au fond du récipient et m'apercevait avec déception que la confiture ne prenait pas encore, que ce que j'aurais collecté aurait eu le goût amer du fruit sur la branche, ni plus, ni moins. Mais moi, ce que je voulais retrouver sur la langue, c'est ce qui faisait frissonner mes narines. Alors je restais à regarder avec admiration ma mère cuisinière à l'ouvrage.

         Au bout de quelque temps que je ne saurais quantifier en heures ou en minutes, la pièce était complètement remplie de l'exhalaison estivale des quetsches.

Quel souvenir! Moi assise sur une chaise à flairer ces effluves qui effaçaient toute autre odeur de la maison. Chaque fois qu'elle approchait du fait-tout, j'avais envie de « tremper mon doigt dans la confiture turelure ». Elle déposait une portion du mélange sur une assiette et le faisait refroidir. Même tiède ce fumet excitait les zones sensitives de mon cerveau. Lorsqu'elle s'emparait de l'assiette qu'elle faisait tourner pour vérifier la consistance, j'attendais, le cœur  palpitant, tout en humant la délicate senteur du fruit mêlé en parfaite osmose au sucre.

Lorsqu'elle s'écriait:  « Ca y est! C'est figé! », je me précipitais  alors vers l'assiette et reniflais le délicieux mets avant d'y plonger une cuiller. confitures red2

Je portais ensuite goulûment la cuiller pleine à ma bouche, et constatais systématiquement que le goût et l'odeur se superposaient: le parfum et le goût d'Eden entraient dans mon corps!

La maison portait cette fragrance pendant plusieurs jours, ce qui exaltait chez moi une olfaction magique.

Publié dans nouvelles

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T
<br /> Moi, je préfère manger les confitures avec des noix plutôt que de les décrire.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Moi aussi. Lol<br /> <br /> <br /> <br />