Découverte

Publié le par fraginfo

 

            C’est chaud, humide et agréable. Je me love dans cette volupté, je suis dans une enveloppe cotonneuse. J’émerge à peine d’un rêve étrange : j’ai rêvé que l’on m’extirpait de cette enveloppe protectrice et j’avais peur. Le liquide bienfaiteur échappait à mes doigts. Un air sec et glacé entourait ma chair ; je me sentais angoissé, mélancolique, j’étais entouré de linges maléfiques, de bruits terrifiants et de lumière agressive. Je me bouchais les oreilles, mais les bruits résonnaient encore et encore dans ma tête. J’étais manipulé, tripoté, bousculé, je ne pouvais pas le supporter, je criais, je pleurais, mais on ne m’entendait pas. J’essayais de m’agripper à quelque chose, de trouver une prise, mais mes membres ne m’obéissaient pas. Je commençai à hurler de désespoir, à me recroqueviller : Quelle douleur ! Quelle mauvaise surprise !

Je me suis réveillé en sursaut, j’ai ouvert les yeux, j’étais revenu dans ma bulle rose et rassurante, flottant légèrement. Une immense volupté s’empare de moi, je glisse agréablement contre les parois de ma bulle : Quel confort ! Quelle douceur ! Régulièrement je perçois des impulsions de chaleur. Parfois la chaleur devient plus intense, pour me protéger, je sens cette présence mais ne puis la définir. Qu’il fait bon ! Je savoure chaque moment, je vis l’extase. Le liquide délicatement épais entre dans mon ventre, c’est bon, lumineux, merveilleux. Le fluide s’écoule voluptueusement dans mon corps tout entier. J’atteins le sommet du plaisir. C’est peut-être le Paradis, c’est sûrement l’Eden, Heaven ! C’est silencieux et pourtant mes oreilles perçoivent des sensations étranges. Un philtre de douceur pénètre mes narines, caressant les cloisons nasales à chacun de ses passages. Ca me chatouille un peu. Je flotte sans danger, je ne coule pas, chacune de mes inspirations drague un peu d’air doucereux.

Comment peut-on se sentir aussi bien ? C’est peut-être de la magie ; mes jambes se replient toutes seules contre mon nombril, je prends mes aises. Je dors au rythme des balancements, touché par la grâce, envahi par une torpeur suave. Parfois, je me retrouve avec un pouce dans la bouche, je ne sais même pas d’où il vient et comment il y est entré.

Par moments je suis ébranlé par une oscillation ou alors une ombre passagère me recouvre, je reste alors dans un état de semi-conscience. Une lumière violente agresse mes yeux et mon corps tout entier : On vient me chercher, m’arracher à mon bien-être ?

Non, c’était une simple visite, je retourne dans mon état de bénédiction, protégé par une bienveillance inconnue

 

            J’ai de moins en moins de place, je ne peux plus beaucoup me mouvoir ; je dois enfoncer mes petits poings dans la paroi qui m’enserre, mais, élastique pourtant, elle résiste. Je veux dégager un pied, hop, il s’échappe dans le vide, il heurte quelque chose, une  réaction immédiate se met en place, un corps bienfaisant s’approche et me caresse, montant et descendant ma colonne vertébrale ; ça me rassure et je me rendors douillettement.

            Oups ! J’ai été ébranlé, je me retrouve la tête en bas à présent, c’est amusant, je suis en apesanteur. J’aime  bien sauter, ça fait des bulles et des gargouillis.

Mais là, je suis trop serré, je ne peux plus sauter, je ne rebondis plus ; j’essaie de pousser ma poche de part et d’autre, mais je suis devenu étriqué, coincé, mon univers s’est réduit. Une obscurité inhabituelle m’envahit de toutes parts ; pourtant des sons rassurants me parviennent. J’aspire toujours le liquide de la vie, soyeux et voluptueux.

Une idée effrayante me traverse l’esprit : « et si tout cela était terminé, si c’était la fin de ma béatitude?

Et si ces nouvelles sensations étaient annonciatrices d’un événement ? Un événement secret et mystérieux sur lequel je n’aurais aucune prise ?

J’ai une prémonition effrayante. Je m’affaisse soudain et m’enfonce inéluctablement dans le vide, happé par une puissance invisible.

Le fluide si doux s’échappe petit à petit, je ne veux pas, il m’entraîne avec lui, je n’ai rien pour m’agripper. Je me sens happé, ma tête heurte une muqueuse, elle s’y introduit et une énergie incontrôlée m’incite à l’y aider. Pourquoi a-t-il fallu… ?

C’est redoutable, effrayant, je ne contrôle plus rien. Le cordon auquel je suis attaché se rigidifie, on ouvre une porte, je suis aveuglé par la lumière, j’entends des bruits désordonnés, il faut que je résiste, mais je n’y arrive pas, nous ne sommes pas à armes égales.

Ma tête passe à travers un conduit très serré, je ne vais pas pouvoir passer, mais si, le conduit se dilate et finalement une entité inconnue se colle au sommet de mon crâne et le fait tourner, non ! Arrête, je suis bien dans ma bulle…

Que se passe-t-il ? Je suis entouré d’êtres gigantesques avec des masques, j’ai peur et faim : OUIN !

Je me sens soulevé et déposé sur une chair rose avec un sommet marron, un liquide blanc jaune en sort, mes lèvres sont immanquablement attirées vers ce liquide prodigieux. Je plonge dans une nouvelle volupté : SLURP !

 

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